Voyages

São Paulo

Credit Photo : Metro Santa Cecilia SP, 12/10/2020

LYCÉE FRANÇAIS PASTEUR  -  SÃO PAULO -  Année 91

RESULTADOS - Fim de Curso - Ano 91

Lorsque l´on arrive à São Paulo, on éprouve d´abord un sentiment d´incrédulité : on se pose en pleine ville, on perçoit des hommes et des femmes sur leurs balcons, occupés comme si rien n´était à des tâches ordinaires alors que, tout autour, une forêt d´immeubles tout en hauteur donne le sentiment de survoler une maquette.

Autant dire qu'approcher une cité dont on suppose qu'elle abrite plus de douze millions d´habitants n´aurait avoir aucun portait photographique de la ville qui puisse prétendre à une quelconque vérité.

Comment, alors, aborder cette immensité, comment tenter de cerner ce délire urbanistique qui ne cesse de s´étendre, de croître, d´attirer toujours davantage de personnes pauvres venues de tout le pays et rêvant, s´illusionnant généralement, d´un avenir meilleur entre les tours ? Comment rendre compte de cette cité qui voit cohabiter d´immenses fortunes et de l´autre côté de la rue, le plus grand dénuement ? sans compter les milliers de sans-abri ?

Si on veut faire une approche sociale de São Paulo, une série d´immeubles vides rend encore plus insupportables les carrés qui accumulent ces habitants de la rue qui n´ont plus forme humaine. Ce sont des immeubles du centre, des immeubles énormes, historiques, au coeur de la ville, non loin de la grande station de métro SÉ et de la gare ferroviaire de la LUZ. Centre-ville peu à peu déserté, devenu la nuit un coupe-gorge peuplé de vendeur de toutes les drogues qui laissent régulièrement des morts sur le bitume, centre-ville que le gouvernement tente en vain, en y réinstallant des ministères, de réhabiliter et qui, vidé pour cause économique de ses populations traditionnelles, est devenu aux mieux un lieu de passage, au pire un désert urbain.

São Paulo, ville creuse.

Vieux bâtiments (quelques-uns témoignent de la splendeur d'autrefois) en ruines, entrepôts, magasins, immeubles de bureaux ou appartements désertés, places et trottoirs maltraités : voilà le paysage qui caractérise le centre-ville de São Paulo depuis les années 80 lorsque des quartiers entiers ont été transformés à l´usage exclusif des classes moyennes et supérieures avec leurs lieux de consommation, de culture et de loisirs, et leurs quartiers résidentiels.

À São Paulo, jusque dans les années 1990, seuls les travailleurs et habitants à faibles revenus utilisaient les transports en commun. Longtemps la voiture et l´ensemble des investissements réalisés intramuros pour assurer un trafic fluide ont été au coeur de la politique urbaine, dictée par et pour les classes moyennes. Les usagers des transports en commun ont fini à leur tour par gagner le centre-ville. Aussi, les anciens quartiers des classes aisées, qui constituaient auparavant “le” centre-ville, sont aujourd´hui devenus des territoires populaires, marqués par la présence d´un parc de logements et de bureaux sous-exploité, tant pour les bâtiments privés que publics.

Dès le milieu des années 1970, un série de mouvements sociaux organisés autour du droit au logement ont commencé à émerger dans les grandes villes Brésiliennes. À São Paulo, ces mouvements luttant pour l´amélioration des favelas et des banlieues, ont organisé au cours de la décennie suivante leurs premières occupations de terrains en banlieue. Depuis les années 80, les mouvements populaires sont aussi engagés dans la lutte pour l´amélioration des logements locatifs précaires et l´accès à de nouvelles alternatives de logements dans le centre-ville, principalement via la réhabilitation d´immeubles vides. Cette recherche de logements est à l´origine d´une forme de lutte qui s´est développée à partir de 1997 : l´occupation organisée d´immeubles dans les quartiers centraux. L´Union pour la lutte des habitants des cortiços (ULC), organisation pionnière, a mené la première occupation d´envergure d´un bâtiment emblématique : l´immeuble anciennement occupé par le Trésor public, fermé depuis plus de dix ans, et qui regroupait environ mille familles (junho 1997). De nombreuses occupations d´édifices publics et privés ont eu lieu par la suite. Entre 1997 et 2007, on en compte ainsi plus de soixante-dix dans le centre de São Paulo , menées par des mouvements organisées.

L´objectif de ces occupations était non seulement de trouver une solution d´hébergement pour des familles sans abri, mais aussi de dénoncer les problèmes de logement et d´abandon des édifices publics et privés dans le centre. Ces actions spectaculaires sont donc à la fois une solution d´urgence sociale et un geste politique, où s´expriment trois éléments interconnectés et présents à des degrés divers selon la situation : la résistance, la revendication et la préfiguration.

La résistance consiste en une lutte pour le maintien des logements permanents dans le centre, menée par des personnes invisible aux yeux des décideurs qui soutiennent une politique de revitalisation de l´espace, au mépris de toute réalité. Les interventions des pouvoirs publics menées depuis les années 1990, via la création de musées et d´espaces culturels et les incitations diverses en faveur du marché immobilier, entendent répondre à un supposé vide urbain. Mais les démolitions et les expulsions systématiques sont des pratiques qui ont fini par créer ce vide, alimentant les favelas. les logements locatifs précaires et les occupations sauvages, dans un cycle permanent d´invisibilité et de déni des droits.

Malgré l´ancienneté de cette revendication, et en dépit des efforts considérables allant en ce sens, à ce jour, seuls dix-sept édifices ont effectivement été réhabilités et transformés en logements décents.

SaoPaulo21
SaoPaulo20
SaoPaulo19
SaoPaulo18
SaoPaulo17
SaoPaulo16
SaoPaulo15
SaoPaulo14
SaoPaulo13
SaoPaulo12

Criolo - Não existe Amor em SP

 

Rio Vermelho CP 2102 41950-970 Salvador – Bahia – Brasil +55 (71) 9993 42484 horta.fatumbi.fabi@gmail.com

Ce site utilise des cookies pour son fonctionnement et la mesure d'audience.